Commission nationale des droits de l'homme de l'Inde : Les rapports sur les entrepôts d'Amazon pourraient "soulever une question sérieuse concernant les droits de l'homme des travailleurs".

19.06.24

Commission nationale des droits de l'homme de l'Inde : Les rapports sur les entrepôts d'Amazon pourraient "soulever une question sérieuse concernant les droits de l'homme des travailleurs".

La Commission nationale des droits de l'homme de l'Inde (NHRC) prend des mesures après que des travailleurs d'Amazon ont rendu publiques des conditions de travail exténuantes susceptibles de violer leurs droits fondamentaux. La prise de connaissance suo motu de la commission intervient après que les médias ont rapporté que la direction d'Amazon, dans son entrepôt de Manesar, dans l'Haryana, avait fait promettre à un travailleur de 24 ans de ne pas prendre de pause pour aller aux toilettes ou boire de l'eau pendant une vague de chaleur record au mois de mai.

La Commission nationale des droits de l'homme a déclaré dans un communiqué :

"La Commission a observé que le contenu du reportage, s'il est vrai, soulève une grave question relative aux droits de l'homme des travailleurs, en violation de la législation du travail et des lignes directrices publiées périodiquement par le ministère du Travail et de l'Emploi de l'Union.

Le terme "suo moto " fait référence à une action entreprise par un tribunal ou une agence de son propre chef, sans qu'une plainte n'ait été déposée. La Commission nationale des droits de l'homme a demandé au secrétaire du ministère du travail et de l'emploi de l'Union de lui fournir des informations complémentaires au cours de la semaine prochaine.

Rajendra Acharya, secrétaire régional du syndicat UNI Global pour l'Asie et le Pacifique, a déclaré : "Les conditions auxquelles sont confrontés les travailleurs des entrepôts d'Amazon en Inde sont inacceptables. Nous demandons à Amazon et aux autres employeurs de prendre des mesures immédiates pour garantir la sécurité et le bien-être de leurs travailleurs. Cette situation souligne la nécessité urgente de mettre en place des protections du travail complètes et d'appliquer les lois existantes pour protéger les travailleurs des chaleurs extrêmes." Il a ajouté : "Nous félicitons la Commission nationale des droits de l'homme d'avoir pris cette mesure. Il s'agit d'une étape essentielle pour responsabiliser les employeurs et améliorer les conditions de travail".

L'Amazon India Workers Association (AIWA), soutenue par le syndicat UNI Global , a exhorté le ministère du Travail et de l'Emploi et l'Autorité nationale de gestion des catastrophes (NDMA) à prendre des mesures immédiates pour protéger les travailleurs des entrepôts en réponse à l'escalade des vagues de chaleur. Le nord et l'ouest de l'Inde ont été gravement touchés, le mois d'avril 2024 ayant enregistré les températures les plus élevées depuis 1901. Le 27 mai, Delhi a connu une température record de 49 degrés Celsius, dépassant le précédent record de 45,6 degrés établi en 1941, ce qui a incité le département météorologique indien (IMD) à lancer des avertissements.

Ravish, manutentionnaire chez Amazon et membre de l'AIWA, a indiqué que les travailleurs subissaient une chaleur insupportable dans les entrepôts. Les travailleuses se réfugient souvent dans les toilettes en raison du contrôle inadéquat de la température dans les installations. Le 28 mai, les températures enregistrées dans la zone des quais de l'entrepôt d'Amazon étaient de 31 degrés Celsius, de 32 degrés dans la cantine et de 34,2 degrés dans la section d'arrimage.

Pooja, une autre employée de l'entrepôt d'Amazon et membre de l'AIWA, a affirmé que les travailleurs étaient contraints de prêter serment pour atteindre les objectifs sans faire de pause pour aller boire ou aller aux toilettes, même sous une chaleur intense.

Dharmendra Kumar, président de l'AIWA, a souligné les effets sans précédent de la vague de chaleur : "L'Inde connaît l'année la plus chaude de son histoire. Les autorités chargées des catastrophes doivent déclarer qu'il s'agit d'une catastrophe et prendre des mesures immédiates et à long terme pour protéger la santé et les moyens de subsistance des travailleurs."

Kamal Kumar Niyogi, conseiller juridique de l'AIWA, a fait référence à la loi sur les usines de 1948, indiquant que les employeurs sont tenus de fournir des sièges adéquats aux travailleurs qui doivent rester debout pendant de longues périodes.

Amazon a fait l'objet d'un examen similaire concernant les conditions de travail dans d'autres pays. Aux États-Unis, l'entreprise a été critiquée pour son taux élevé d'accidents et sa réponse inadéquate aux problèmes de sécurité des travailleurs. En Europe, Amazon a été condamnée à des amendes et a fait l'objet d'une enquête pour ses mauvaises conditions de travail et ses activités antisyndicales. Ces problèmes mondiaux mettent en évidence une tendance à négliger le bien-être des travailleurs qui s'étend au-delà de l'Inde.

Compte tenu de la gravité de ces conditions, il est essentiel de reconnaître que le changement climatique contribue grandement à l'augmentation de la fréquence et de l'intensité de ces vagues de chaleur. Les scientifiques ont prévenu que si des efforts significatifs ne sont pas déployés au niveau mondial pour atténuer le changement climatique, les phénomènes météorologiques extrêmes, y compris les vagues de chaleur, deviendront de plus en plus fréquents et de plus en plus graves. Cette tendance souligne l'urgence d'une action immédiate pour protéger les travailleurs et de stratégies à long terme pour s'attaquer aux causes profondes du changement climatique.

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